Le silence des hommes doit cesser
S’engager aux côtés des femmes,
Sur la même ligne, contre le patriarcat
Il est temps que les hommes parlent.
Pas à la place des femmes.
Pas pour expliquer leur vécu.
Pas pour se donner bonne conscience.
Mais à leurs côtés, sur la même ligne, pour dire clairement que le patriarcat n’est ni une fatalité, ni une tradition respectable, ni une opinion parmi d’autres.
C’est un système de domination.
Et comme tout système de domination, il produit de la violence, de l’injustice et de la mort.
Le silence des hommes n’est pas neutre.
Il protège l’ordre établi.
Il protège les agresseurs.
Il isole les victimes.
Et il laisse le champ libre à ceux qui crient le plus fort : les masculinistes, les réactionnaires, les marchands de haine déguisés en coachs de virilité.
Rompre ce silence n’est pas un acte héroïque.
C’est un devoir moral.
Le patriarcat n’est pas né avec Napoléon… mais il l’a gravé dans le marbre
Je reprend ici, un argument de Bruno Solo, qui me semble fondé.
Il serait historiquement faux d’affirmer que Napoléon Bonaparte a inventé la misogynie ou le patriarcat. Ces systèmes existaient bien avant lui, ancrés dans des siècles de traditions religieuses, sociales et politiques.
Mais ce serait tout aussi faux de minimiser son rôle.
Napoléon n’a pas créé le patriarcat.
Il l’a codifié.
Avec le Code civil de 1804, il a donné une forme juridique, légale et institutionnelle à la domination masculine. Il a transformé une organisation sociale inégalitaire en un système de droit, légitimé par l’État.
Quelques rappels essentiels :
- La femme mariée est juridiquement assimilée à une mineure.
- Elle perd son nom, son autonomie juridique et financière.
- Elle ne peut pas travailler, signer un contrat ou ouvrir un compte sans l’autorisation de son mari.
- Le mari est le « chef de famille », maître des biens, du domicile et des décisions.
- L’adultère féminin est un délit pénal, passible de prison.
- L’adultère masculin est toléré tant qu’il ne se déroule pas au domicile conjugal.
- Le divorce est quasiment impossible pour les femmes.
Ce cadre légal n’a pas seulement organisé la famille.
Il a fabriqué une vision du monde : celle où l’homme commande, décide, possède ; celle où la femme obéit, suit, dépend.
Même si ces lois ont évolué, parfois tardivement (droit de vote en 1944, autorisation de travailler sans l’accord du mari en 1965, pénalisation du viol conjugal en 1990…), les mentalités, elles, ont mis beaucoup plus de temps à changer.
Nous avons grandi avec ces héritages.
Ils sont encore là, sous forme de réflexes, de blagues, de silences, de tolérances coupables.
Une culture qui apprend aux hommes à dominer, et aux femmes à supporter
Le patriarcat ne se résume pas à des lois anciennes.
Il se transmet par l’éducation, la culture, les représentations, les normes sociales.
Dès l’enfance, les messages sont clairs :
- Aux garçons : sois fort, ne pleure pas, impose-toi, conquiers, prends.
- Aux filles : sois sage, douce, arrangeante, prudente, discrète.
Ce conditionnement fabrique des adultes déséquilibrés :
- Des hommes qui confondent désir et droit.
- Des femmes qui apprennent trop tôt à anticiper le danger.
Il ne s’agit pas de dire que tous les hommes sont violents.
Mais il s’agit de reconnaître que la violence masculine n’est ni marginale, ni accidentelle.
Comme l’écrit Giulia Foïs dans «Pas tous les hommes quand même» :
« Pas tous les hommes, mais à chaque fois un homme. »
Cette phrase dérange parce qu’elle est juste.
Elle ne parle pas de culpabilité collective, mais de responsabilité structurelle.
Les chiffres ne mentent pas (et ils tuent)
En 2025, en France, les chiffres des violences faites aux femmes restent accablants.
- Une femme sur trois subira des violences au cours de sa vie.
- Dans plus de 90 % des cas, ces violences sont commises par des hommes.
- 97 % des viols et 96 % des agressions sexuelles sont le fait d’hommes.
Derrière ces statistiques, il y a des visages.
Des vies brisées.
Des femmes qui changent de trottoir, rentrent leurs clés entre les doigts, envoient leur position GPS à leurs amies, renoncent à des soirées, à des carrières, à une liberté élémentaire.
Les féminicides ne sont pas des « drames passionnels ».
Ce sont des meurtres politiques, produits par un système qui banalise la domination masculine.
Le masculinisme n’est pas le miroir du féminisme
(et prétendre le contraire est une manipulation)
Aujourd’hui, dès que l’on parle de féminisme, une réponse revient en boucle :
« Et le masculinisme alors ? C’est juste l’opposé, non ? »
Non.
Et il est crucial de le dire clairement.
Le féminisme
Le féminisme est un mouvement politique, social et philosophique qui vise à :
- Mettre fin aux discriminations fondées sur le genre
- Lutter contre les violences sexistes et sexuelles
- Obtenir l’égalité réelle entre les femmes et les hommes
Le féminisme ne cherche pas à dominer les hommes.
Il cherche à démanteler un système de domination.
Le masculinisme
Le masculinisme, lui, repose sur une idée centrale : Les hommes seraient aujourd’hui opprimés par les femmes.
Il nie :
- Les rapports de pouvoir
- Les violences structurelles
- Les inégalités systémiques
Il transforme les avancées féministes en menaces.
Il désigne les femmes comme responsables du mal-être masculin.
Il alimente la haine, la frustration et parfois la violence.
Dire que le masculinisme est l’opposé du féminisme, c’est comme dire que le racisme est l’opposé de l’antiracisme.
C’est faux. Et c’est dangereux.
Le silence des hommes : une complicité passive
La majorité des hommes condamne les violences.
Mais beaucoup restent silencieux.
Par confort.
Par peur de mal faire.
Par peur d’être mal perçus.
Par peur de « ne plus rien pouvoir dire ».
Ce silence est un problème.
Comme le rappelle la tribune d’ONU Femmes France :
« Ne rien faire, c’est laisser faire. »
Rire à une blague sexiste, c’est valider.
Ne pas intervenir face à un comportement lourd, c’est cautionner.
Douter de la parole d’une victime, c’est la violenter une seconde fois.
La montée du masculinisme : un danger réel
Sur les réseaux sociaux, des influenceurs masculinistes attirent des millions de vues.
Ils vendent une virilité toxique sous couvert de développement personnel.
Ils expliquent aux jeunes garçons que s’ils souffrent, c’est la faute des femmes.
Ce discours est un poison.
Il détourne la colère légitime vers de mauvaises cibles.
Il empêche toute remise en question personnelle.
Il nourrit un climat de haine et de violence.
Face à cela, le silence des hommes progressistes est une défaite.
Un NON est un NON
(et il n’y a rien à négocier)
Encore récemment, dans un bar, des hommes ont insisté lourdement auprès de femmes qui avaient clairement exprimé leur désintérêt.
Il a fallu qu’un autre homme intervienne pour qu’ils reculent.
Pourquoi ?
Parce que, dans leur esprit, le refus d’une femme n’est pas suffisant.
Il faut la validation d’un homme.
Cette réalité explique pourquoi tant de femmes préfèrent sortir entre elles.
Non par rejet des hommes, mais par instinct de survie sociale.
Pourquoi je prends la parole en tant que photographe ?
Si j’écris aujourd’hui, ce n’est pas par posture.
C’est parce que mon métier, mon art et mes valeurs sont indissociables.
La photographie est politique.
Elle décide qui est visible, comment, et sous quel regard.
À travers mon travail, je défends :
- L’inclusion
- L’authenticité
- L’empowerment
- L’engagement
Ces valeurs sont écrites de manière explicite dans les valeurs de ma société, dans ma charte éthique et se comprennent implicitement dans toutes pages de ce site (au point d’avoir perdu des clients qui me trouvent « Trop Woke »… merci pour le compliment au passage).
Photographier, c’est choisir de montrer autrement.
C’est refuser les normes écrasantes.
C’est offrir un espace sûr, respectueux, bienveillant.
Mon engagement auprès du roller derby, des communautés LGBTQIA+, des femmes artistes, sportives, créatrices, n’est pas un hasard.
Ce sont des espaces où les corps féminins reprennent le contrôle de leur narration.
Être allié, ce n’est pas être parfait
Être un homme allié, ce n’est pas, ne jamais se tromper.
C’est accepter de se remettre en question.
C’est écouter.
C’est corriger.
C’est agir.
Partager réellement les tâches.
Éduquer au consentement.
Intervenir quand c’est nécessaire.
Relayer la parole des femmes.
Soutenir financièrement et politiquement les luttes féministes.
Un combat collectif, sur la même ligne
Les hommes ne sauveront pas les femmes.
Les femmes n’ont pas besoin d’être sauvées.
Mais nous devons cesser d’être absents.
Nous devons marcher sur la même ligne.
Regarder dans la même direction.
Refuser les demi-mesures.
Parce que le patriarcat tue.
Parce que le silence protège les bourreaux.
Parce que l’égalité n’est pas une option morale, mais une nécessité vitale.