Reprendre possession
de son corps
Bien choisir son soutien-gorge
« Il y a tellement de fausses croyances sur les tailles de soutien-gorge, et ces mythes sont tellement ancrés que l’on vit quasi toutes dans l’inconfort — et ce n’est pas normal ! »
(Merci Charlène Lingerie pour ces mots justes, que j’ai entendus résonner mille fois en séance photo.)
Je ne suis pas expert en lingerie.
Je suis photographe.
Je travaille avec des femmes, des personnes non-binaires et des personnes trans, avec des corps petits, grands, ronds, menus, asymétriques, jeunes, plus âgés, allaitants, cicatrisés, transformés.
Et si je prends la plume aujourd’hui, c’est parce qu’en photo, la question du soutien-gorge revient tout le temps. Parce qu’il serre, gratte, tombe, remonte, coince, ou qu’il ne « met pas en valeur ». Parce qu’on ne se sent pas libre, pas belle, pas confortable — bref, pas soi.
Et à chaque fois, je me dis que quelque chose cloche. Ce n’est pas le corps le problème. Ce sont les idées fausses, les normes dépassées, et les habitudes qu’on ne remet plus en question.
Alors voici quelques repères, glanés grâce aux échanges avec mes modèles, des professionnelles de la lingerie, et quelques recherches.
Le but ? Offrir des clés pour (re)trouver un confort qui vous ressemble.
Première étape : prendre les bonnes mesures
En France, les tailles de soutien-gorge sont calculées à partir de deux mesures :
Le tour de dos (en cm) : c’est ce qui va déterminer le chiffre (80, 85, 90…).
Le tour de poitrine (en cm) : qui sert à déterminer le bonnet (A, B, C, D…).
Mais pour vraiment cerner sa taille, il ne suffit pas de prendre une seule mesure vite fait, debout devant le miroir. Il faut aller un peu plus loin.
Voici une méthode qui prend en compte la réalité des corps, pas juste une équation mathématique.
Trois mesures pour le tour de dos
Prenez ces mesures avec un mètre ruban souple, sans soutien-gorge si possible, ou avec un qui ne déforme pas votre poitrine.
Tour de dos « normal » (sans serrer) : placez le mètre juste sous la poitrine, bien à l’horizontale, sans serrer.
Tour de dos « ferme » (serré mais sans vous couper la respiration) : même emplacement, mais en tirant légèrement le mètre, comme un élastique de soutien-gorge qui maintient.
Tour de dos « compressé » (très serré, au max du confort acceptable) : cela permet de voir comment le tissu agit quand il est bien plaqué.
👉 Ces trois mesures donnent une idée de la plage de confort possible : un bon soutien-gorge doit maintenir sans couper la respiration ni glisser.
Trois mesures pour le tour de poitrine
Debout, bien droite : c’est la mesure classique, mais elle ne suffit pas.
Penchée à 90° : cela permet de voir le volume réel de la poitrine, sans que la cage thoracique écrase ou « tire » vers le haut.
Allongée sur le dos : la gravité change la forme, surtout si la poitrine est souple, tombante ou volumineuse.
👉 En croisant ces trois mesures, on visualise la variabilité naturelle de la poitrine. Et donc le besoin d’un soutien qui suive le mouvement, pas qui fige.
Calculer sa taille (système français)
Une fois vos mesures prises :
Tour de dos (serré) : on l’arrondit au multiple de 5 le plus proche (ex : 77 cm → 75 ; 82 cm → 80).
Tour de poitrine : on prend la plus haute valeur parmi les trois positions.
Différence entre tour de poitrine et tour de dos arrondi → cela donne le bonnet :
Différence (en cm) Bonnet
13 A
15 B
17 C
19 D
21 E
23 F
25 G
27 H
👉 Ex : Tour de dos serré = 78 cm → 75
Tour de poitrine (penchée) = 95 cm
Différence = 95 – 75 = 20 cm → Bonnet entre D et E → Taille estimée : 75D/E
Et si ma poitrine est…
… petite ?
Un bonnet A ou B ne signifie pas une « absence » de poitrine. La bonne taille vous apportera maintien, galbe, et surtout confort. Le souci est que l’offre est souvent limitée — d’où l’importance de marques inclusives.
… très grande ?
Les bonnets profonds sont souvent mal compris (et mal fabriqués). Un 95C, ce n’est pas la même chose qu’un 80F, même si le bonnet semble « pareil » visuellement. Le dos joue un rôle énorme dans le maintien.
… tombante ?
C’est une forme naturelle. Le soutien-gorge n’est pas là pour « remonter à tout prix », mais pour soutenir sans compresser. Les armatures bien placées peuvent aider — ou pas, selon le confort recherché.
… asymétrique ?
Quasi toutes les poitrines le sont. On peut choisir des modèles avec coussin amovible, ou ajuster les bretelles différemment. L’essentiel, c’est de ne pas vous sentir « anormale » — c’est la norme.
… changeante selon le cycle ?
Prendre ses mesures à plusieurs moments du mois peut aider à trouver un compromis. Certaines personnes optent pour plusieurs tailles de soutien-gorge en rotation.
Quelques mythes
🧠 Mythe #1 : “Je fais du 90B, c’est ma taille, point.”
Non. Votre taille varie selon les marques, les modèles, votre cycle, votre posture. Ce n’est pas vous qui devez vous adapter au soutien-gorge. C’est lui qui doit s’adapter à vous.
🧠 Mythe #2 : “Plus le bonnet est grand, plus la poitrine est grosse.”
Faux. Le bonnet est un ratio, pas un volume absolu. Un 85D et un 100D n’ont pas la même poitrine du tout. Ce qui compte, c’est l’harmonie entre votre dos et votre poitrine.
🧠 Mythe #3 : “Les douleurs, c’est normal.”
Non. Ce n’est jamais normal qu’un soutien-gorge laisse des marques profondes, fasse mal aux épaules, au dos, ou vous gêne dans vos mouvements. On vous a appris à endurer — pas à écouter votre corps.
La lingerie comme prolongement de vous
En séance photo, je vois trop souvent des femmes se tortiller, s’excuser, se cacher. Et puis parfois, quand la pièce tombe juste, quelque chose change.
La posture. Le regard. L’audace. Ce n’est pas la lingerie qui fait ça — c’est vous.
Mais une lingerie bien choisie peut être un levier, un support, un révélateur.
Ce que j’ai appris, c’est que le bon soutien-gorge ne doit ni vous cacher, ni vous trahir.
Il doit vous suivre, vous respecter, vous célébrer.
Et ça, franchement, ça devrait être la norme.