Photographier l’humanité dans toute sa diversité
Un combat pour la liberté,
l'inclusion et la dignité
En tant qu’homme cisgenre, photographe professionnel et militant, je ne peux plus me taire.
Je ne peux plus rester spectateur d’un monde qui bafoue les droits fondamentaux.
Je ne peux plus rester spectateur d’un monde qui bafoue les droits fondamentaux d’une partie de sa population simplement parce qu’elle existe en dehors de la norme. Je suis photographe, mais je suis aussi un être humain. Et mon humanité ne me permet plus de détourner le regard. C’est une question de respect, de justice, de dignité. Et c’est une urgence.
Le 16 avril dernier, la Cour suprême du Royaume-Uni a tranché de manière glaçante : les femmes sont, selon elle, exclusivement définies par leur sexe biologique. Derrière cette décision se cache un refus brutal de reconnaître les personnes transgenres comme membres légitimes de notre société. Une gifle froide portée à l’autodétermination, à la dignité, à la liberté de chacun·e de vivre en accord avec ce qu’il ou elle est. Ce jugement n’est pas qu’un débat juridique. Il est une arme politique, un signal envoyé à tous les transphobes : vous avez le champ libre.
Et cette dérive n’est pas isolée. Aux États-Unis, la vague conservatrice anti-trans n’en finit plus de gonfler. Lois liberticides, interdictions d’accès aux soins, attaques contre les droits fondamentaux des personnes trans dans les écoles, les milieux sportifs, et même dans l’espace public. On ne compte plus les textes législatifs rétrogrades, les discours haineux, les crimes motivés par la transphobie. Le monde anglo-saxon – mais il n’est pas le seul – s’enfonce dans une spirale dangereuse où l’ignorance, la peur et la haine dictent la loi.
Pourquoi tant de haine ?
Pourquoi une telle obsession à traquer, à humilier, à exclure ? Pourquoi s’acharner sur une population qui, dans son immense majorité, ne souhaite qu’une chose : vivre tranquille, être respectée, avoir le droit d’exister ?
Parce que, selon une étude réalisée en juin 2023 dans 30 pays, environ 9 % de la population mondiale se déclare LGBTQ+, avec des variations selon les générations. Parce qu’entre 1 et 3 % de la population adulte mondiale serait transgenre. Ce ne sont pas des chiffres négligeables. Ce sont des millions de vies. Des millions de parcours. Des millions de vérités.
Mais au lieu de tendre la main, on la retire. Au lieu d’ouvrir les esprits, on les referme. La peur de l’autre, de ce qui ne rentre pas dans les cases, est un poison puissant. Pourtant, la transidentité n’a rien de nouveau. L’histoire humaine en est jalonnée. Dans toutes les civilisations, sur tous les continents, dans toutes les religions, des personnes trans ou non-binaires ont existé, ont été reconnues, parfois même vénérées. Ce n’est pas une mode. Ce n’est pas une lubie contemporaine. C’est une réalité humaine ancienne, diverse, profondément enracinée.
Alors qu’est-ce qui dérange à ce point les détracteurs ?
Qu’est-ce qui dérange à ce point les détracteurs ?
Qu’est-ce qui effraie les politiques, les religieux, les figures d’autorité ?
Peut-être que la simple existence des personnes trans et LGBTQIA+ remet en cause des fondements qu’ils croyaient immuables : la binarité, la hiérarchie, la norme patriarcale, l’autorité biologique. Peut-être qu’ils comprennent que cette remise en cause est une forme de liberté qu’ils ne contrôlent pas. Et cela leur fait peur.
MAIS CE N'EST PAS UNE RAISON POUR SE TAIRE !
Mon engagement, mon art, ma responsabilité
La photographie est plus qu’un métier. C’est une manière de regarder le monde. C’est une prise de position. C’est une façon de dire : « voici ce que je vois, et voici ce que je choisis de montrer. »
Je suis photographe de roller derby, un sport où les valeurs de sororité, d’inclusivité et de résistance sont profondément ancrées. Un sport qui, comme la communauté LGBTQ+, crée ses propres espaces de liberté, ses propres codes, ses propres fiertés. Je photographie des corps qui s’affirment, des regards qui défient, des personnes qui vivent pleinement, envers et contre tout. Et ce que je capture à travers mon objectif, c’est de la beauté, de la force, de la résilience. Ce sont des visages et des histoires qui méritent d’être vus, partagés, honorés.
1. L’inclusion : une base non négociable
La photographie a trop longtemps été dominée par des standards excluants, souvent cis, blancs, minces, valides, hétéronormés. Mon travail, à mon humble échelle, cherche à inverser cette tendance. Je veux représenter toutes les identités. Je veux que chaque séance photo soit un espace sûr, où chaque personne se sent écoutée, respectée, et célébrée. Mon studio est un refuge, pas un tribunal. Mon objectif est un miroir bienveillant, pas une arme.
2. L’authenticité : donner à voir le vrai
Je refuse les artifices, les retouches qui gomment l’essence de l’être. Je cherche la sincérité, l’instant brut, l’émotion pure. Parce que derrière chaque personne trans, chaque personne queer, il y a une histoire, un combat, une lumière unique. Mon rôle est de la révéler, pas de la travestir.
3. L’empowerment : redonner le pouvoir à l’image de soi
Dans une société où l’image est partout, mais souvent déformée, manipulée, oppressive, la photographie peut aussi être un outil de libération. Voir son corps sous un nouveau jour. Se reconnaître dans un regard extérieur. Reprendre possession de son image. Voilà ce que j’essaie d’offrir. Un regard aimant, puissant, libérateur.
Pourquoi je me bats
Pourquoi je me bats ?
Parce que je crois que l’art est politique. Parce que chaque portrait que je réalise est un acte militant. Parce qu’à travers mes photos, je veux dire : « vous êtes là, vous êtes beaux·belles, vous comptez. »
Je me bats parce que je suis un homme cisgenre, et que mon privilège m’impose une responsabilité. Parce que je peux passer sans encombre les frontières, sans qu’on me demande de prouver mon genre ou mon identité. Parce que je peux aimer qui je veux sans craindre d’être agressé. Et que tant que ce ne sera pas le cas pour tout le monde, je n’aurai pas de repos.
Je me bats parce que la haine grandit. Parce que les discours transphobes se banalisent. Parce que certains médias, certaines personnalités, certains gouvernements alimentent un climat de peur et de violence. Et que cela détruit des vies.
Je me bats parce que pendant qu’on légifère sur le corps des personnes trans, la planète brûle. Les océans montent. Les guerres éclatent. Les famines ravagent. Et plutôt que de s’attaquer à ces fléaux, on préfère désigner des boucs émissaires. C’est indigne. C’est absurde. C’est criminel.
Un appel à l’humanité
Aujourd’hui, je vous parle non pas seulement comme photographe, mais comme humain. Il est temps d’ouvrir les yeux, d’ouvrir nos cœurs, de tendre la main. Il est temps de regarder l’autre sans peur, sans rejet, sans haine.
Nous devons choisir notre camp. Et j’ai choisi le mien.
Je choisis la vie, l’amour, la diversité, la liberté.
Je choisis de me battre, aux côtés de mes ami·e·s, de mes modèles, de toutes celles et ceux qui subissent l’injustice.
Et je terminerai sur ces mots, empruntés à une fiction américaine mais qui aujourd’hui résonnent avec une vérité brûlante :